Date : 18/02/2024
Temps de lecture : 3 minutes
David Grann est un journaliste et écrivain américain, auteur de plusieurs romans reportages reconnus tels que The Lost City of Z (adapté au cinéma par James Gray en 2016) ou encore Killers of the Flower Moon (adapté au cinéma par Martin Scorsese en 2023). Il est considéré comme un maître du genre « Journalisme littéraire ».
Les Naufragés du Wager : Une histoire de naufrage, de mutinerie et de meurtres est le fruit de cinq années de travail. Paru en avril 2023 aux États-Unis et fort de son succès (le livre est mis en avant par Barack Obama entre autres), l’ouvrage paraît en français en août dernier.
Au milieu du XVIIIe siècle, un conflit éclate entre l’Empire espagnol et la Grande-Bretagne. C’est la Guerre de l’oreille Jenkins, en référence à un capitaine britannique, qui au cours d’un contrôle de son navire par un bateau espagnol, s’était fait couper l’oreille par son homologue. La guerre donne lieu à plusieurs batailles importantes, les ressources mobilisées sont colossales pour l’époque.
Dans ce contexte, la Royal Navy décide de monter une expédition pour prendre possession d’un galion espagnol faisant route vers le Pacifique. Le commandement affrète cinq navires de guerre dont le HMS Wager. En août 1740, l'escadre quitte d’Angleterre, se dirige vers le Cap Horn, pointe méridionale de l’Amérique du Sud, pour remonter ensuite vers les Philippines afin d’intercepter le galion. Problème : le Cap Horn, situé sous les 40es rugissants (degrés de latitude), est une zone très dangereuse pour les navires. C’est un véritable cimetière marin, Kipling l’a surnommé « la haine aveugle du Horn » et un dicton marin dit : sous le 40e degré de latitude, il n’y a plus de loi, mais sous 50 degrés il n’y a plus de Dieu…
Plusieurs mois après le départ, le HMS Wager et le reste de l’escadre tentent le passage du Cap.
Plus d’un an après, un petit bateau de fortune est retrouvé au sud du Brésil, à environ 3000 km au nord du Cap Horn. À son bord, une poignée d’hommes du HMS Wager, déshydratés, malades, aux corps faméliques et à la peau brûlée par le soleil. Ils sont morts ou presque. L’Angleterre se passionne pendant des mois pour leur histoire, la Royal Navy ordonne un procès par une cour martiale, que s’est-il vraiment passé sur ce navire ?
Au travers de plusieurs journaux de membres d’équipage, l’auteur nous retrace toute l’épopée de ces hommes. Grâce à un travail de recherche considérable, David Grann nous plonge dans leur histoire et nous décrit avec une grande précision la triste réalité de la marine de l’époque. Loin de la vision romanesque d'un Pirates des Caraïbes, le livre nous dépeint l’effroyable quotidien de ces « géants de bois ». Une grande promiscuité, une hygiène abominable, des maladies atroces telles que le typhus ou le scorbut et des conditions de travail insoutenables.
L’ouvrage nous rappelle aussi qu’à une époque (il n’y a pas si longtemps), un homme pouvait être arraché à sa famille et être envoyé de force à l’autre bout du monde sur un navire, promis à la mort. Ce récit est aussi une plongée dans la psychologie humaine, sur notre manière de réagir face à l’adversité et sur les ressources que l’on peut puiser au plus profond de nous pour survivre.
AS.
"Pourtant, un mystérieux narcotique les poussait à aller de l'avant : l'espoir."
Source - Editions du Sous-sol - https://www.editions-du-sous-sol.com/